M. l’abbé Yves Maury

Abbé Yves Maury † 2011
1940 † 2011

J’ai demandé l’intelligence et elle me fut donnée. J’ai prié, et l’esprit de sagesse est venu en moi.
Je l’ai préféré à la puissance et aux dignités.

En la fête de saint Thomas d’Aquin.

C’est à la demande expresse de quelques amis que je me permets d’écrire ces lignes sur ce prêtre remarquable. Comme ils me l’ont précisé, ils ont droit de savoir. D’autres auront vécu autre chose et je serai heureux de lire ce qu’ils ont à dire, voici ce que j’ai personnellement à dire.

Je ne suis pas de ceux qui ont le plus connu M. l’abbé Maury ou depuis le plus longtemps, mais je pense être un des rares qui lui ont été le plus fidèle pendant plus de trente ans. J’ai même eu la grâce de suivre par trois fois les exercices de saint Ignace qu’il prêchait remarquablement. Mon épouse et moi-même lui devons beaucoup et ce modeste panégyrique est pour nous un devoir de gratitude.

M. l’abbé est né au Mans en 1940 dans une famille éminente par le savoir. Son père, chirurgien, fut sénateur-maire de cette ville. Après une brillante scolarité (chez les jésuites, Louis-le-Grand et prépa X à Ginette), Yves Maury devint, en 1963, ingénieur des Ponts et Chaussées, ayant échoué à Polytechnique.

Quelque temps après il suivit les exercices de saint Ignace avec les Pères de Chabeuil. Ce fut pour lui une conversion définitive : il devint à vie antilibéral, antimoderniste et si j’ose ainsi parler anticlérical (je m’en expliquerai plus loin) : un vrai catholique tout simplement. Conscient d’une vocation bénédictine, il chercha un monastère vraiment et complètement catholique pour la réaliser. Après quelques essais, il découvrit qu’un tel monastère n’existait plus en France. Il fallait l’entendre conter son aventure à Fontgombault, début d’une quête de plusieurs années pour découvrir des confrères de la même trempe que lui : Si, si ; No, no.

Il sut très vite qu’il serait obligé de finir ermite. Mais alors il se devait d’être prêtre, indépendant de toute coterie. C’est pourquoi il rejoignit Ecône en 1974 et fut ordonné par Mgr Lefebvre en 1977, à 37 ans. Doyen de sa génération, d’une maturité qui tranchait, il assista imperturbable aux mêlées terribles entre libéraux et catholiques fournissant ces derniers de tous les documents nécessaires à ce combat. Il en rapportait des anecdotes pénibles sur les abbés Aulagnier, d’Argenson et autres.

Un an avant son ordination, l’abbé Aulagnier, choqué par sa décision de ne pas se joindre à la FSSPX, l’avertit : - Vous prenez le risque d’être refusé à l’ordination. Il répondit, placide et quelque peu ironique : - J’en prends le risque. Finalement, Mgr Lefebvre, au lendemain de son ordination, lui demanda de rester comme professeur au séminaire d’Ecône. Mgr n’avait pas manqué de remarquer sa culture, à l’époque déjà immense, accompagnée d’un grand équilibre et d’un jugement très sûr, qualités qu’il conservera jusqu’au bout. C’était un homme de méditation et de prière, deux sources indispensables pour la connaissance de la Vérité. Par un "providentiel hasard" il avait pu, comme il le désirait si fort, échapper à l’obligation de l’allégeance au "pape", ce conciliaire Paul VI en l’occurrence. N’en doutons pas, ce refus catégorique de toute compromission avec la hiérarchie de Vatican II, l’a préservé et gardé dans la vérité - il n’est que de voir le dérapage de ceux qui se sont prêtés à cette allégeance !

Enseigner n’était pas sa vocation. Il cherchera quelques mois encore un monastère dans les milieux de la tradition et là encore, lui qui était tout imprégné de la vie et de la foi des saints et des Pères de l’Eglise, ne trouva rien. Etait-il trop exigeant ? Non. L’avenir lui prouvera qu’il avait eu raison. En ces temps particulièrement troublés la foi exige des solutions radicales et sans aucun compromis, ce qu’avait vu le R.P. Aubry au XIXe siècle[1]. M. l’abbé Maury était un de ces prêtres radicaux et sans compromis. Sa vie l’a prouvé.

Avant tout, M. l’abbé Maury était un homme de Foi, et donc il avait vite compris que Roncalli, Vatican II et sa suite n’étaient pas catholiques et que depuis 1958, tout était à rejeter. Il n’a jamais eu de doutes, et avec cette Foi vive, claire, simple (et non simpliste, comme disent les sots), il vivait fidèlement comme avait vécu tout prêtre de la sainte Eglise depuis toujours.

Homme de Foi, il était évidemment homme de Vérité. Complètement indépendant, il ne se voyait pas obligé, comme beaucoup de ses confrères, à composer, à transiger sur tel ou tel point, pour plaire soit au "camp dira-t-on", soit aux fidèles. Il n’avait peur de rien, si ce n’est de manquer à la Vérité. Pour lui la "thèse materialiter-formaliter", qui nous empoisonne encore en 2011, ne méritait qu’un haussement d’épaules et un commentaire cinglant sur ses confrères. C’est lui qui m’en avait démontré le ridicule.

Il était unique dans sa génération, par les immenses connaissances qu’il avait acquises. J’utilise souvent à son sujet une formule expéditive qui ne doit pas être loin de la vérité : "il en savait à lui seul autant et même plus que tous les prêtres de la Tradition réunis"[2]. Dans son excellente et précieuse bibliothèque y a-t-il un seul livre qu’il n’ait pas lu ? Pères de l’Eglise, bullaires, vies des saints, enseignements pontificaux, théologie dogmatique, morale, ascétique, mystique, sacramentelle, histoire et vie de l’Eglise, démonologie (nous en parlons plus loin), exégèse, droit canonique, histoire de France, etc., etc. Il connaissait très bien les auteurs antilibéraux. En tout il était incollable. Il lisait directement les textes originaux en latin.

Il ne s’imposait pas, il disait calmement ce qu’il avait à dire et très vite on comprenait que son avis primait sur tous, surtout qu’avec une mémoire prodigieuse et sans faille il pouvait répondre à toute objection. Il ne perdait aucune minute, lisant sans cesse, même en cuisinant (et quelle cuisine ! à longueur d’année riz et sardines ou pilchards) et même en mangeant.

Il avait microfilmé des ouvrages dans de nombreuses bibliothèques, particulièrement celles d’Aix-en-Provence, où mon épouse, directrice des Archives départementales, à qui on ne pouvait rien refuser, lui avait ouvert toutes les portes. Il logeait chez nous et nous passâmes en sa compagnie plusieurs semaines étalées sur une année. Il était très agréable, très fin, délicat, malicieux, savoureux et passionnant car comme chez tout homme cultivé, ses connaissances fondues au creuset de ses méditations avaient une saveur particulière et originale. Cependant en temps normal il avait un aspect sévère et sérieux qui imposait le respect. Jamais de familiarité, des rires bien rares et l’horreur de la bouffonnerie, sans manquer d’humour.

Petite anecdote significative si vous le permettez. J’avais obtenu de mon ami M. de La Franquerie, que l’abbé microfilmât sa bibliothèque. Demeurant alors dans le Vaucluse, ce dernier profita de son voyage en Vendée, pour passer chez quelques amis chemin faisant. Entre temps, M. de La Franquerie avait eu, de certains clercs[3], des renseignements très mauvais sur lui et lui avait signifié son refus de le recevoir. L’abbé déjà parti, ne reçut pas la lettre. C’est à cette date que M. de La Franquerie s’était engagé à venir chez nous à Aix pour une conférence, d’ailleurs mémorable (150 personnes l’écoutèrent de 14h à 19h). Nous devions passer plusieurs jours ensemble, mais dès son arrivée, il me dit : je repars dès demain matin, car l’abbé Maury est arrivé hier et mon épouse étant seule avec lui je suis très inquiet. Je le rassurai, sans être bien sûr qu’il m’entendait. Une semaine après, il me téléphonait : de toute ma vie (qui était déjà bien longue) je n’ai rencontré un prêtre aussi savant et aussi pieux. Et M. l’abbé me confiait : de toutes les bibliothèques que j’ai microfilmées, c’est la seule où je n’ai pas eu à couper une seule page. M. de La Franquerie, qui longtemps n’a dormi que cinq heures par nuit, avait tout lu et souvent annoté ses 20.000 volumes. C’est cet immense savoir qui nous permettait de comprendre les choses en vérité et d’avoir la même communion de pensé, bien différente de ceux qui ne savent rien ou si peu et qui malheureusement causent le plus fort à notre époque.

J’ai dit plus haut : anticlérical[4]. Le lecteur impatient aura tout de suite été choqué. Et pourtant ! Dans une Eglise en ordre, tout fidèle se doit d’être très respectueux et attaché aux clercs. Mais dans la crise actuelle, combien ont prévariqué ? et sont devenus des cloaques d’impureté, surtout impureté doctrinale ; combien de fidèles ont perdu la Foi à cause des clercs ?[5] L’abbé Maury, – comme d’ailleurs l’abbé Vérité –, tellement attaché aux saints clercs des siècles passés, savait combien il fallait être prudent, très prudent. Ils avaient l’un et l’autre payé cher, très cher, pour ne pas errer. L’abbé Vérité avait vu tous les prêtres de son diocèse apostasier et avait mis des années pour se séparer de ce clergé prévaricateur. L’abbé Maury avait vu les jésuites, Chabeuil, Fontgombault, dom Augustin-Marie, nombres de ses confrères de la FSSPX, etc. apostasier.

Ils étaient donc l’un et l’autre très réservés sur leurs relations cléricales, n’ayant l’un et l’autre qu’un contact obligé (je me rappelle qu’un an avant sa mort, M. l’abbé Vérité ayant passé deux mois à l’hôpital d’Auray, ne reçut aucune visite de clercs, alors que l’on savait qu’il n’assurait plus la messe à Lorient ! ! !).

Fidèle dévot à La Salette[6] (mais aussi à Pontmain, à Tilly, à Fatima…) et à son message, M. l’abbé Maury ne cachait pas que tous nos malheurs actuels viennent de la trahison des clercs. Seul un tout petit, tout petit nombre n’a pas trahi. Il défendait la vérité, mais ses confrères n’y voyaient qu’une opinion et ne rectifiaient pas leurs erreurs. Pour lui, les membres de la FSSPX étaient aussi hérétiques (dixit l’abbé) que les pseudo prêtres conciliaires. Quant aux autres, entre les incultes, les inintelligents, les paresseux, les orgueilleux, les libéraux et les mondains, il ne cachait pas qu’il en ressentait une profonde amertume, les sachant inconvertissables ; sa profonde humilité l’amènera à se consacrer à sa véritable vocation : être une âme réparatrice.

Car très vite il vécut un véritable martyre, un martyre continuel, heure par heure, depuis son installation à Saint-Martin-des-Noyers, il y a plus de vingt ans. Certains de ses confrères s’en moquaient, mais mon épouse et moi écoutions avec compassion ses confidences, car heureux de trouver une oreille attentive, il nous contait en détail ce qu’il vivait. Si parfois, il semblait grossir certains faits que le commun des mortels trouvent petits, ce n’était une raison pour s’en moquer comme l’ont osé certaines de ses relations. Ah ! les tables des clercs ! Comment ces derniers auraient-ils réagis à sa place ? Par contre il est important de savoir qu’il subissait des attaques diaboliques incroyables et bouleversantes. Il conseillait de réciter souvent la prière Ame de Jésus-Christ, précisant qu’elle était très efficace.

De son étude très, très fouillée de la démonologie, il apprit de quels sorciers émanaient ces attaques. C’était surtout d’un prêtre dont il ne cachait pas le nom.

Heureusement une excellente santé lui permettait de résister. Mais ces derniers temps il voyait que les attaques redoublaient et il craignait l’issue fatale, comme il l’avait confié à plusieurs.

Ame réparatrice, mais aussi paratonnerre. M. l’abbé priait beaucoup, suivant fidèlement la règle bénédictine. Il priait pour la sainte Eglise, pour la France (il partageait toutes nos idées sur ce sujet), pour les prêtres et pour nous. Plusieurs amis ont pu éprouver que sa prière était vraiment efficace.

Pourquoi ai-je été mêlé aux évènements qui suivent ? Certes il y avait notre amitié de longue date, mais pour un chrétien il n’y a qu’une seule réponse : la Providence le voulait ainsi.

On ne découvrit son corps que deux mois après sa mort. J’avais essayé de le joindre pendant le Carême, bien sûr sans succès, mais je n’étais pas inquiet sachant qu’en Carême il se coupait de tout. Après Pâques je voulais aller le voir, mais diverses circonstances m’en empêchèrent. Sur l’insistance d’une amie parisienne inquiète de son silence, je priai une amie vendéenne de se rendre chez lui : c’était dans la soirée du vendredi 6 mai. Celle-ci trouva la maison silencieuse, un volet ouvert, la boîte aux lettres pleine, des toiles d’araignée au garage, et tout verrouillé. Elle en revint inquiète. Elle pensait prévenir la gendarmerie dès le lendemain. L’amie de Paris, au courant de ces détails, de plus en plus tracassée, informa la gendarmerie à 2 h du matin le samedi. Sur son insistance, une patrouille se rendit sur les lieux à 3 h du matin et découvrit son corps au pied de l’autel. Il était en soutane et s’était effondré. Sans doute mourut-il rapidement. Il fut alors transporté à Luçon pour analyse. Il n’y avait eu aucune effraction à son domicile.

Les gendarmes m’appelèrent à 3h04, mais j’arrivai trop tard au téléphone. Le lendemain à 10 h j’étais au courant de tout. J’en informai tout de suite M. l’abbé Guépin. Convoqué par la gendarmerie le dimanche après-midi il me demanda de m’accompagner.

Mercredi 11 mai, reconvoqués tous les deux pour déposition à la gendarmerie, je fus entendu deux heures. A la fin le gendarme me confia les clefs de l’abbé Maury et sa carte d’identité, que je remis immédiatement à M. l’abbé Guépin.

Nous allâmes directement chez l’abbé Maury. Je découvris que l’abbé Guépin n’avait pas dû y aller depuis très longtemps se trompant sur l’emplacement de l’oratoire, pourtant inoubliable quand on y était allé une seule fois.

Mon épouse craignait de découvrir elle ne savait quoi ! En fait tout était en ordre et quand nous rentrâmes dans l’oratoire nous fûmes surpris par le calme et la paix qui s’en dégageait. On pouvait craindre des odeurs : rien.

L’abbé Maury était mort le 7 mars en la fête de saint Thomas d’Aquin comme nous l’avons découvert à partir de son missel d’autel. Il devait être en oraison ou à lire son bréviaire. En consultant ce bréviaire nous aurions pu savoir à quelle heure, mais nous n’avions plus le temps. Nous y reviendrons.

Quelle belle mort ! seul ! comme il lui convenait ! hors de l’hôpital ! dans son oratoire ! au pied de l’autel en prière ! le jour de la saint Thomas d’Aquin ! après sa messe (le signet du Missel remis à la page suivante) ! Quelle consolation pour nous ! Deo Gratias !

Sa famille prévenue respectant la volonté de M. l’abbé Maury confia les obsèques à M. l’abbé Guépin. Il est enterré à Nantes, dans une tombe proche de Mme Myra Davidoglou dont il appréciait les écrits.

***

Quelles leçons tirer d’une telle vie et d’une telle mort ?

1° Soyons toujours prêts ! Nous aussi nous aurons de plus en plus de difficultés à avoir un prêtre pour nous soutenir pendant notre agonie avec les angoisses normales qui l’accompagnent avant le grand jugement. Donc toujours être prêts et prier calmement et avec confiance.

2° A son exemple tenons jusqu’à la fin. Ne jamais changer, ne jamais se décourager. Combattre calmement, avec confiance.

3° Profitons de cette mort pour nous examiner et nous corriger.

Prions pour nos prêtres ! Ils sont le sel de la terre. Ils ont été choisi par Dieu pour cela. Ils l’ont accepté. Puissent-ils profiter de cette mort pour s’examiner eux aussi et rectifier ce qui doit l’être. Reprenons-les s’ils nous enseignent des nouveautés. Nous n’avons pas besoin de nombreux prêtres. Nous n’avons besoin que de saints prêtres. Nous avons vu depuis 50 ans ce que les autres étaient capables de faire et nous n’en voulons pas. Le prêtre doit nous donner les sacrements, mais aussi doit nous enseigner et diriger nos consciences. C’est là où nous devront choisir et être très, très prudents.

Seigneur ne nous donnez que de saints prêtres,

savants de la science de Dieu !

5° Sachons, comme M. l’abbé Maury, rester indépendants. Ne nous croyons pas obligés de partager coteries et inimitiés.

6° Comme je l’ai déjà écrit lors de la mort de M. l’abbé Vérité[7], soyons exigeants avec nos prêtres. Nous avons vu, depuis 50 ans, que tout prêtre qui enseigne une seule erreur est sanctionné. Sachons rester indépendants de leurs coteries et de leurs inimitiés. En composant avec une seule erreur, il ne peut y avoir d’union, même entre prêtres non una cum (et il n’y en a d’ailleurs pas). C’est un mensonge, prouvé depuis 50 ans. Il n’y a qu’une vérité en tout. Elle est parfois difficile à découvrir, mais croire que l’on peut et doit être unis, alors que l’on diverge sur tel ou tel point, sera sanctionné un jour ou l’autre.

7° Enfin, restons, à son exemple des fidèles de la seule religion, la religion catholique, croyant tout ce qu’elle enseigne, vivant comme elle l’enseigne. Elle ne peut changer, elle ne peut nous tromper, elle seule nous garde dans la Foi et nous assure la vie éternelle. Et donc refusons tout, TOUT, de la secte conciliaire.

Nous avions un paratonnerre, il nous avait donné l’exemple d’une vie vertueuse, d’une vie de pénitence. Nous avons maintenant un intercesseur. Il a beaucoup souffert, il a beaucoup offert, il a eu de grands mérites, il priera pour nous la très Sainte Trinité, la très sainte Vierge Marie. Il a confié à un ami qu’il avait toujours eu une dévotion particulière à La Pietà qui ne lui a jamais rien refusé.

Mon Dieu, si ce n’est déjà fait, recevez-le dans Votre Paradis !

Mon Dieu, par les mérites de M. l’abbé Maury, fidèle entre les fidèles, obtenez-nous de faire le bon combat pour Votre gloire et notre salut éternel.

Louis-Hubert et Marie-Christine Remy,

le 14 mai 2011, jour de sa sépulture, en la fête de saint Boniface martyr.



[1] J’en profite pour rappeler ce texte merveilleux du R.P. Aubry, à méditer et appliquer encore plus aujourd’hui :

"Ce qu'il nous faut, ce sont des chrétiens et des prêtres radicaux dans le bien. Lorsque les idées régnantes, les désertions et les scandales, auront enlevé à l'Église la moitié, puis les trois quarts, puis les neuf dixièmes, puis les quatre-vingt-dix-neuf centièmes, puis les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millièmes de sa famille, si le millième demeuré fidèle est excellent et radical, tout sera gagné, car ce millième formera la petite mais vaillante armée de Gédéon, la semence saine et irréprochable d'une nouvelle société.

"Combien serait plus puissante, pour la régénération d'un peuple comme le nôtre, une telle phalange, sortie d'écoles théologiques solides, armée de toute la force surnaturelle de l'Évangile, fortifiée de principes sûrs et inébranlables contre l'esprit du siècle ! Elle se répandrait partout, occuperait les positions sacerdotales, comme des postes militaires où elle doit faire sentinelle et combattre, saupoudrerait en quelque sorte la société et lutterait avec ce bel ensemble contre l'erreur. Certainement elle vaincrait, à moins que l'Écriture n'ait menti en disant : Hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra (I Jean, v, 4).

"On dit souvent : "Les hommes manquent !" Je n'en crois rien ; ce sont les principes qui manquent, et il y a toujours assez de chair humaine. La France est trop féconde pour manquer d'hommes ; quand on a les bons principes, on fait des merveilles avec quelques hommes. Notre-Seigneur a précisément voulu, par le choix des apôtres, prouver que la pauvreté d'hommes n'est pas un obstacle, mais une ressource souvent, toujours même, moyennant des principes. "Le mal, c'est qu'il y a des hommes, beaucoup d'hommes, mais peu de principes".

J.-B. Aubry, Essai sur la Méthode des Études Ecclésiastiques en France, 1890, 1ère partie, p. 265.

[2] Les sots, surtout ceux qui ne connaissent pas l’abbé Maury ou n’ont pas appris à le bien connaître, diront encore : LHR exagère ! Et pourtant, connaissant assez bien ses confrères je persiste. Il n’est pas un seul sujet que ses confrères connaissent qu’il n’ait étudié. En sus combien d’autres sujets n’était-il pas le seul à avoir étudié ? Quand nous le recevions à Aix-en-Provence, mon épouse qui était alors, le conservateur des Antiquités et objets d’art des Bouches-du-Rhône avait été surprise par ses vastes connaissances en art religieux et son goût très sûr.

Ce prêtre était un trésor, mais ignoré et même méprisé ! La science et la vérité sont dérangeantes !

[3] Ah les jugements téméraires et les calomnies de nombreux clercs ! qu’il est prudent d’entendre d’autres avis !

[4] Je suis moi-même anticlérical. Mais avec une précision : anticlérical de prêtres libéraux (ceux qui mélangent ou composent sur la vérité et l’erreur). Par contre je suis très clérical et très attaché aux nombreux clercs antilibéraux morts et vivants. Malheureusement, dans les vivants il y en a de moins en moins ! De plus je n’aime pas les clercs qui mentent et Dieu sait combien j’en ai vu depuis 50 ans !

[5] "Tout le mal dépend de nous, prêtres… Si tous étaient enflammés d’un zèle d’amour, bientôt la terre entière serait catholique". Saint Pie X, au chanoine Thellier de Poncheville (La Croix de Paris, 26 mai 1904).

[6] Il trouvait scandaleuses les positions de certains prêtres, même non una cum. Là encore les sots diront LHR règle ses comptes et crieront au scandale, mais les autres partageront la position de M. l’abbé Maury en comprenant que le scandale vient de ces prêtres et DOIT ÊTRE DÉNONCÉ. Quand comprendra-t-on que ce n’est pas celui qui dénonce l’erreur que l’on doit attaquer, mais celui qui enseigne l’erreur ?

Il suivait de très près les travaux de Rore sanctifica et de Virgo Maria, sur lesquels il était complètement d’accord, comme il nous le disait et nous l’a particulièrement écrit pour Rore. Courant novembre 2010, ayant passé un après-midi en sa compagnie avec mon vieil ami Philippe Bourcier de Carbon, pour faire le point sur tous ces écrits, il nous fit des confidences importantes, enregistrées avec son accord. Nous pouvons donc apporter la preuve de ce que nous écrivons.

[7] http://www.a-c-r-f.com/html/LHR_ab_Verite_enterrement.htm

Ce petit panégyrique a été bien apprécié par certains. D’autres l’ont trouvé accablant, affligeant ! Je n’ai pas le don de plaire à tous, surtout aux libéraux. Il en sera de même de ces quelques lignes consacrées à M. l’abbé Maury. Quelles grâces d’avoir connu intimement des Mgr Guérard, des abbés Vérité et Maury !